6 Juin 2018
15 octobre 1915
Ma chère maman,
Mon temps est compté. Pourtant, c’est un beau jour paisible d’octobre pour une bataille, une après-midi ordinaire d’automne. J’ai chaud, j’ai la gorge sèche, j’ai faim et je dors à même le sol. Je veux que ça s’arrête, de voir mes camarades mourir à leur tour me terrifie de plus en plus. Je ne vois plus que la mort. Nous sommes plusieurs milliers au début de chaque assaut et seulement une poignée d’entre nous reviennent dans nos lignes. On ne sait pas sur quoi on va tomber, entre les bombardements aériens, les mines, les tirs de mitrailleuses, les attaques au gaz, les maladies qui sont toutes aussi mortelles que les combats. Tu me manques, je n’ai plus qu’une peur, c’est de ne plus te revoir. Je pense tout le temps à toi, je me dis que si ça se trouve je ne te verrais plus, embrasser, enlacer plus jamais. Le simple souvenir de ton visage m’aide à rester fort. Je pense fort à vous. A très bientôt ma tendre maman.
Tendrement,
Francis H
Fanny H